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LES THÉORIES DU TEMPS, DU LIEU ET DU VIDE APRÈS ARISTOTE

tement le διάστημα τῆς τοῦ παντὸς φύσεως défini par l’antique Pythagoricien. La doctrine d’Archytas a inspiré Proclus autant et plus encore qu’elle n’a inspiré Plotin, Porphyre et Jamblique ; elle est vraiment la source d’où jaillissent toutes les théories néo-platoniciennes du temps.

« Toute âme dont participent les choses se sert en premier lieu, dit Proclus[1], d’un corps éternel, d’un corps qui possède une substance soustraite à la génération et à la corruption, » Les corps célestes sont les instruments des âmes supérieures ; il est aisé d’en conclure que les durées de révolution des divers corps célestes coïncident avec les périodes de la vie cyclique des âmes qui président aux mouvements de ces corps. Les durées de révolution des divers astres doivent donc être des parties aliquotes du temps total ; le σύμπας χρόνος doit être identique à la Grande Année astronomique ou être un multiple de la Grande Année.

Nous sommes amenés par là à rechercher ce que Proclus enseignait au sujet de la grande Année ; cet enseignement, ce n’est plus l’Institution théologique qui nous le révélera, mais le Commentaire au Timée ; toutefois, nous ne l’exposerons pas dès maintenant ; il prendra place dans l’exposition de ce que les successeurs d’Aristote ont dit de la Grande Année. Auparavant, nous examinerons une théorie du temps fort différente de celles que nous avons étudiées jusqu’ici. Cette théorie originale a été conçue par Damascius, qui, après la mort de son maître Proclus (485), prit la direction de l’École d’Athènes.


IV
LA THÉORIE DU TEMPS SELON DAMASCIUS ET SIMPLICIUS

La plupart des disciples de Proclus avaient fidèlement gardé, nous dit Simplicius[2], ce que ce maître avait enseigné au sujet du temps ; deux seulement s’en sont éloignés, Asclépiodote, qui fut le plus brillant élève de Proclus, et son condisciple Damascius, qui fut le maître de Simplicius. « Extrêmement laborieux, nous dit Simplicius et, en même temps, animé d’une grande sympa-

  1. Procli Diadochi Op. laud., cap. CXCVI : éd. 1822, pp. 292-293 : éd. 1855, pp. CXII-CXIII.
  2. Simplicius, loc. cit. ; éd. cit., p. 795.