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LA PHYSIQUE D’ARISTOTE


Δ, ϰαὶ ἔσται ὁ ἐφ’ ᾦ Γ χρόνος διπλάσιος τοῦ ἐφ’ ᾦ Ε. Καὶ ἀεὶ δὴ ὅσῳ ἂν ᾗ ἀσωματώτερον ϰαὶ ἧττον ἐμποδιστιϰὸν ϰαὶ εὐδιαιρετώτερον δι’ οὖ φέρεται, θᾶττον οἰσθήσεται. »

De cette Dynamique, la conclusion ressort maintenant avec évidence : « Le rapport suivant, lequel un corps surpasse le vide n’existe pas plus que le rapport suivant lequel un nombre surpasse zéro… Puisque le vide ne possède, à l’égard du plein, aucun rapport de cette sorte, il n’y aura, non plus, dans le vide, aucun mouvement ; si, au travers du milieu le plus subtil, [un mobile soumis à une puissance donnée] se meut de telle longueur en tant de temps, [il parcourrait dans le même temps], s’il venait à se mouvoir dans le vide, [un chemin qui, à l’égard du précédent,] surpasserait tout rapport. — Τὸ δὲ ϰενὸν οὐδένα ἔχει λόγον ᾧ ὑπερέχεται ὑπὸ τοῦ σώματος, ὥσπερ οὐδὲ τὸ μηδὲν πρὸς ἀριθμόν… Ὁμοίως δὲ ϰαὶ τὸ ϰενὸν πρὸς τὸ πλῆρες οὐδένα οἶόν τε ἔχειν λόγον, ὥστ’ οὐδὲ τὴν ϰίνησιν, ἀλλ’ εἰ διὰ τοῦ λεπτοτάτου ἐν τοσῳδὶ τὴν τοσήνδε, φέρεται διὰ τοῦ ϰενοῦ, παντὸς ὑπερϐάλλει λόγου ».

Bien loin donc que l’existence du vide soit, comme le prétendent les atomistes, ce qui rend le mouvement possible, il est au contraire inconcevable qu’un corps se meuve, dans le vide, de mouvement local.

Les doctrines diverses que les disciples de Leucippe, de Démocrite et de Platon ont développées au sujet du vide, de l’espace et du lieu ont été entièrement réfutées par la discussion dont nous avons rapporté les parties essentielles. Aristote, après avoir démoli, va construire ; il va chercher à établir, du lieu, la théorie que ses prédécesseurs n’ont pas, à son avis, réussi à donner.

XI
LA THÉORIE DU LIEU
A. Ce qu’Aristote, en ses Catégories, dit du lieu.

De cette recherche, les quelques phrases[1] que les Catégories consacrent au lieu ne portent pas encore la trace. Ce qu’Aristote y dit du lieu pourrait fort bien s’accorder avec l’opinion que les Atomistes ou Platon en ont conçue : mieux encore peut-on dire

  1. Aristote, Catégories, IV [VI] (Aristotelis Opera, éd. Didot, t. I, p. 7 ; éd. Bekker, vol. I, p. 5, col. a).