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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


δι’ὕδατος ἢ γῆς ἢ ἀέρος, ἢ τῷ διαφέρειν τὸ φερόμενον, ἐὰν τἀλλα ταὐτὰ ὑπαρχῃ, διὰ τὴν ὑπεροχὴν τοῦ βάρους ἢ τῆς ϰουφότητος

À la puissance qui meut, c’est-à-dire à la gravité du mobile, la vitesse de chute sera proportionnelle : « Le rapport que des poids ont entre eux[1] se retrouvent, inversés, dans les durées de leurs chutes ; si un poids qui est la moitié d’un autre poids, tombe de telle hauteur en tant de temps, le poids double du premier tombe de la même hauteur en un temps moitié moindre. — Καὶ τὴν ἀναλογίαν ἣν τὰ βάρη ἐχει, οἱ χρόνοι ἀνάπαλιν ἕξουσιν, οἶον εἰ τὸ ἥμισυ βάρος ἐν τῷδε, τὸ διπλάσιον ἐν ἡμίσει τούτου. »

D’autre part, la vitesse de chute du grave sera, principe fondamental de la Dynamique péripatéticienne, inversement proportionnelle à la résistance que le milieu oppose à cette chute. Le Stagirite va plus loin ; il semble admettre que la résistance d’un milieu est proportionnelle à la densité de ce milieu, en sorte que la vitesse avec laquelle tombe un poids est inversement proportionnelle à la densité du milieu que traverse ce grave.

« Supposons, dit-il[2], que le corps A se meuve, au travers du milieu B, en un temps C, et au sein du milieu D, qui est plus subtil que B, en un temps E ; le chemin parcouru est supposé le même au sein du milieu B et au sein du milieu D ; ces mouvements suivent le rapport des milieux résistants. Si, par exemple, le milieu B est de l’eau et le milieu D de l’air, autant l’air est plus subtil et plus incorporel que l’eau, autant le mouvement de A sera plus rapide au travers du milieu D qu’au travers du milieu B. Le rapport qui différencie l’air de l’eau sera donc aussi le rapport de la vitesse à la vitesse ; en sorte que si l’air est deux fois plus subtil que l’eau, le mobile mettra deux fois plus de temps à faire le même chemin au sein de B qu’au sein de D, et le temps C sera double du temps E. Toujours le mobile sera mû d’autant plus vite que le milieu qu’il traverse sera plus incorporel, moins résistant et plus facile à diviser, — Τὸ δὴ ἐφ’ οὖ Α οἰσθήσεται διὰ τοῦ Β τὸν ἐφ’ ᾦ Γ χρόνον, διὰ δὲ τοῦ Δ λεπτόμεροῦς ὄντος τὸν ἐφ’ ᾦ Ε, εἰ ἴσον τὸ μῆϰος τὸ τοῦ Β τῷ Δ, ϰατὰ τὴν ἀναλογίαν τοῦ ἐμποδίζοντος σώματος. Ἔστω γὰρ τὸ μὲν Β ὕδωρ, τὸ δὲ Δ ἀήρ · ὃσῳ δὴ λεπτότερον ἀήρ ὕδατος ϰαὶ ἀσωματώτερον, τοσουτῳ θᾶττον τὸ Α διὰ τοῦ Δ οἰσθήσεται ἢ διὰ τοῦ Β. Ἐχέτω δὴ τὸν αὐτὸν λόγον ὅνπερ διέστηϰεν ἀὴρ πρὸς ὕδωρ, τὸ τάχος πρὸς τὸ τάχος. Ὥστ’ εἰ διπλασίως λεπτόν, ἐν διπλασίῳ χρόνῳ τὴν τὸ Β δίεισιν ἢ τὴν τὸ

  1. Aristote, De Cœlo, livre I, ch. VI (Aristotelis Opera, éd. Didot, t. II, p. 375 ; éd. Bekker, vol. I, p. 273, col. b et p. 274, col. a).
  2. Aristote, Métaphysique, livre IV, ch. VIII (Aristotelis Opera, éd. Didot, t. II, p. 295 ; éd. Bekker, vol. I, p. 215, col. b).