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CHAPITRE PREMIER
L’ASTRONOMIE PYTHAGORICIENNE

I
Pour l’histoire des hypothèses astronomiques, il n’est pas de commencement absolu. — l’intelligence des doctrines de Platon requiert l’étude de l’astronomie pythagoricienne.

En la genèse d’une doctrine scientifique, il n’est pas de commencement absolu ; si haut que l’on remonte la lignée des pensées qui ont préparé, suggéré, annoncé cette doctrine, on parvient toujours à des opinions qui, à leur tour, ont été préparées, suggérées et annoncées ; et si l’on cesse de suivre cet enchaînement d’idées qui ont procédé les unes des autres, ce n’est pas qu’on ait mis la main sur le maillon initial, mais c’est que la chaîne s’enfonce et disparaît dans les profondeurs d’un insondable passé.

Toute l’Astronomie du Moyen-Âge a contribué à la formation du système de Copernic ; par l’intermédiaire de la Science islamique, l’Astronomie du Moyen-Âge se relie aux doctrines helléniques ; les doctrines helléniques les plus parfaites, celles qui nous sont bien connues, dérivent des enseignements d’antiques écoles dont nous savons fort peu de choses ; ces écoles, à leur tour, avaient hérité des théories astronomiques des Égyptiens, des Assyriens, des Chaldéens, des Indiens, théories dont nous ne connaissons presque rien ; la nuit des siècles passés est tout à fait close, et nous nous sentons encore bien loin des premiers hommes qui aient observé le cours des astres, qui en aient constaté la régularité et qui aient tenté de formuler les règles auxquelles il obéit.