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LES SPHÈRES HOMOCENTRIQUES


V
LES SPHÈRES HOMOCENTRIQUES D’EUDOXE (suite). THÉORIE DU SOLEIL


Le mécanisme imaginé par Eudoxe pour sauver Les mouvements apparents de la Lune est assurément l’une des parties les plus heureusement agencées de son Astronomie ; il a rencontré une bien moindre réussite en la théorie du Soleil. Visiblement, il a été guidé par la pensée que cette doctrine-ci devait être imitée de celle-là. Or, le sens de l’analogie et de la généralisation qui est, dans la construction de la théorie physique, l’instrument habituel du progrès, intervint, ici, d’une manière malencontreuse ; rien, en effet, ne diffère plus de la théorie de la Lune que la théorie du Soleil.

Pour calquer, donc, la théorie du Soleil sur la théorie de la Lune, Eudoxe a supposé[1] que le Soleil, en son cours par rapport aux étoiles fixes, ne suivait pas exactement l’écliptique ; il a admis que l’écliptique était un grand cercle purement idéal de la sphère céleste ; que le Soleil décrivait un autre grand cercle incliné sur le premier d’un tout petit angle ; enfin que l’intersection de ces deux cercles, semblable à la ligne des nœuds de la Lune, tournait très lentement, dans le plan invariable de l’écliptique idéale, mais d’Occident en Orient et non point d’Orient en Occident.

Dès lors, le système du Soleil a été, comme le système de la Lune, constitué par trois orbes contigus et concentriques à la Terre.

Dans ce système, l’orbe extérieur tourne uniformément d’Orient en Occident, en un jour sidéral, autour de l’axe du Monde.


    bué à la troisième sphère la durée de révolution et le rôle de la seconde, et inversement.

    L’erreur n’est sans doute pas du fait de Simplicius, mais du fait de Sosigène, dont Simplicius suit ici trop fidèlement l’exposé. Elle a, d’ailleurs, été soigneusement gardée par Alexandre d’Aphrodisias (Alexandri Aphrodisiensis Op. laud., in lib, XI cap, VIII ; éd. Hayduck, p. 703).

    Elle a été tout d’abord reconnue par Ideler [Ueber Eudoxis (Mémoires de l’Académie de Berlin ; classe historique et philologique, 1830 ; p. 77] qui en a proposé la correction suivie dans notre texte. Cette correction a été également admise par G. Schiaparelli (loc. cit., p. 127) et par Paul Tannery (Première note, p. 442 ; seconde note, pp. 138-142). Th-Henri Martin a proposé (loc. cit., pp. 212-222) une interprétation qui prête à Eudoxe de telles erreurs astronomiques qu’elle semble absolument inadmissible (P. Tannery, Seconde note, pp. 138-142).

  1. Simplicius, loc. cit. ; éd. Karsten, p. 221, col. b ; éd. Heiberg, pp. 493-494. Simplicius et Alexandre commettent, en la description des orbes du Soleil, la même interversion qu’en la description des orbes de la Lune.