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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


Tannery[1], que notre connaissance de la théorie des sphères homocentriques ne présente plus qu’un petit nombre de lacunes ou de parties douteuses.

Nous nous contenterons d’esquisser ici les grandes lignes du système d’Eudoxe, telles que les ont retracées les travaux que nous venons de citer ; c’est à ces travaux, et particulièrement à celui de G. Schiaparelli, que le lecteur devra se reporter s’il veut acquérir une connaissance plus détaillée de l’Astronomie du géomètre grec ; c’est en ces travaux, également, qu’il trouvera les discussions par lesquelles les propositions que nous nous contentons d’affirmer ont acquis la certitude ou, tout au moins, la probabilité.

Les étoiles fixes sont toutes serties en un corps solide que nous nommerons, brevitatis causa, un orbe ou une sphère, mais qui, en réalité, est une couche sphérique comprise entre deux surfaces sphériques concentriques à la Terre ; cet orbe tourne, d’Orient en Occident, avec une vitesse uniforme, autour d’un axe qui est l’axe du Monde : les pôles de cette rotation sont les pôles du Monde. La durée de révolution de cette sphère est ce que nous nommons le jour sidéral ; les astronomes grecs entendent presque constamment par jour (ἡμερα) la durée du jour solaire ; ils disent alors que la sphère des étoiles fixes, l’innerrante (ἀπλανής), effectue sa rotation à peu près en un jour.

Le mécanisme destiné à sauver les mouvements apparents des sept astres errants (πλάνητες) connus des anciens est plus compliqué.

Chacun des astres errants a son mécanisme indépendant, qui se suffit à lui-même, qui ne subit aucunement l’influence du mouvement de la sphère inerrante ni du mouvement des mécanismes relatifs aux autres astres errants. Comme le voulait l’Épinomide, les huit puissances du Ciel sont sœurs ; aucune d’entre elles ne commande à aucune des autres.

Le mécanisme destiné à représenter le mouvement d’un astre errant se compose de plusieurs orbes solides qui ont tous pour centre le centre de la Terre et qui sont contigus les uns aux autres.

L’astre est logé dans l’épaisseur de la dernière de ces sphères,

    et les Romains ; hypothèses astronomiques d’Eudoxe, de Calippe et d’Aristote (Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XXX, première partie, 1881).

  1. Paul Tannery, Note sur le système astronomique d’Eudoxe (Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 2e série, t. I, p. 441 ; 1876). — Seconde note sur le système astronomique d’Eudoxe (ibid., 2e série, t. V, p. 129 ; 1883).