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LES SPHÈRES HOMOCENTRIQUES

nètes ; ces variations, en effet, sont assez grandes ; la Lune s’écarte de l’écliptique jusqu’à 5° 9′ environ ; la longitude de Mars atteint parfois et celle de Vénus  ; il est bien probable que les observateurs contemporains de Platon n’avaient pas été sans remarquer de tels écarts,

L’Astronomie trop simple que Platon avait empruntée aux Pythagoriciens était fort loin de représenter le cours apparent des astres errants, et Platon ne pouvait l’ignorer. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait fait appel aux mathématiciens et qu’il leur ait demandé de construire, à l’aide d’hypothèses semblables, un système assez compliqué pour sauver plus complètement les apparences.


III
LES SPHÈRES CONCENTRIQUES D’EUDOXE

« Le premier des Grecs qui tenta la solution du problème posé par Platon fut Eudoxe de Guide », nous dit Simplicius[1], répétant un propos de Sosigène qui, lui-même, parlait d’après l’Histoire astronomique d’Eudème. Nul, en effet, n’était mieux préparé à le traiter[2].

Eudoxe était né à Guide vers l’an 408 ; il mourut en 355, sans doute à Athènes.

Il fut astronome, géomètre, médecin et philosophe. Il reçut, en Géométrie, les leçons d’Archytas de Tarente, le célèbre pythagoricien ; d’autre part, Diogène de Laërte rapporte, sur la foi de Sotion, qu’il fut, à Athènes, au nombre des auditeurs de Platon. L’enseignement de ses maîtres l’avait donc prédisposé à chercher, en des combinaisons de mouvements circulaires et uniformes, la raison du cours apparent des astres.

Au cours d’un voyage en Égypte, il passa seize mois dans la société des prêtres d’Héliopolis et de Memphis ; de ce commerce avec les prêtres égyptiens, il rapporta peut-être des observations sur le cours des planètes, observations plus précises et plus détaillées

  1. Simplicii Commentarii in Aristotelis libros de Cœlo ; in lib. II cap. XII ; éd. Karsten, p. 219, col a : éd. Heibergj p. 488.
  2. Diogène de Laërte a donné une narration de la vie d’Eudoxe. Paul Tannery a traduit cette narration en l’accompagnant de notes fort importantes. [Paul Tannery » Recherches sur l’Astronomie ancienne. Appendice II (Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 4e série, t. I, pp. 295-300 ; 1893)].