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LES SPHÈRES HOMOCENTRIQUES

II

OÙ EN ÉTAIT LA SOLUTION DU PROBLÈME ASTRONOMIQUE
DANS LES DIALOGUES DE PLATON


Que Platon regardât les sphères célestes comme des réalités ou comme des fictions, il importait peu au mathématicien ; le problème astronomique que le philosophe lui proposait gardait, dans les deux cas, la même forme ; par des agencements de globes sphériques, tous homocentriques à la Terre, tous animés de rotations uniformes, il s’agissait de sauver les mouvements apparents des astres errants.

Ce problème, jusqu’à quel point la solution en avait-elle été poussée dans les Dialogues de Platon ? Elle y était, nous allons nous en convaincre sans peine, fort peu avancée.

À chacun des astres errants, Platon attribuait seulement deux circulations uniformes ; l’une, la même pour tous, dirigée d’Orient en Occident, s’accomplissait en un jour autour de l’axe de rotation du ciel des étoiles fixes ; l’autre, particulière à chaque astre et plus lente que la précédente, se faisait d’Occident en Orient autour de l’axe de l’écliptique.

À quel point ce dispositif trop simple est incapable de représenter les mouvements observés, cela se voit si aisément qu’on ne pouvait l’ignorer au temps de Platon ; Platon, sans doute, l’avait reconnu, et c’est pourquoi il proposait aux astronomes de rechercher des hypothèses plus complètes qui fussent en état de sauver les apparences.

Considérons tout d’abord le Soleil.

Il est bien vrai que la marche apparente du Soleil résulte de la composition de la révolution diurne avec une circulation annuelle, d’Occident en Orient, accomplie suivant le grand cercle écliptique ; mais il s’en faut de beaucoup que cette marche se fasse avec une vitesse invariable.

Les deux équinoxes et les deux solstices correspondent à quatre points qui divisent exactement l’écliptique en quadrants ; chacun de ces quadrants est parcouru par le Soleil pendant la durée d’une saison ; si donc la marche du Soleil était uniforme, les quatre saisons auraient exactement la même durée. Or, c’est ce qui n’est point ; dès que l’on a su déterminer, même d’une manière assez