ces corps divins puissent être le siège de désordres, tel celui
par lequel tantôt ils courraient plus vite, tantôt ils marcheraient
plus lentement, tantôt ils s’arrêteraient connue font les cinq planètes
en ce qu’on nomme leurs stations. Personne, en effet,
n’admettrait qu’un homme sensé et d’allure bien ordonnée pût
cheminer d’une façon aussi irrégulière ; or, les nécessités de la vie
sont, chez les hommes, des raisons qui les obligent à aller vite ou
lentement ; mais aucune cause analogue ne se pourrait assigner
en la nature incorruptible des astres. Aussi les Pythagoriciens proposent-ils
cette question : Comment peut-on sauver les apparences
par le moyen de mouvements circulaires et uniformes ? »
Réduire le mouvement de tout astre à nôtre que la résultante d’un certain nombre de mouvements circulaires et uniformes, c’est le principe qui, jusqu’à Képler, dominera toute l’Astronomie ; ce principe était également admis, nous le voyons, par les Pythagoriciens et par Platon ; vraisemblablement, c’est, aux Pythagoriciens, et peut-être même au chef de l’École, qu’il en faut faire honneur ; mais, dans l’enseignement de Platon, ce principe se précisait sans dopte par deux restrictions et par une addition.
Ces mouvements circulaires dont la composition devait, pour chaque astre, sauver les apparences, Platon voulait qu’ils eussent tous même centre et que ce centre commun des circulations astrales fût le centre de la Terre. Peut-être devons-nous croire, sur le témoignage de Plutarque, qu’il se repentit à La fin de sa vie d’avoir admis ce principe et d’avoir attribué le centre du Monde à la Terre ; mais il est assuré qu’aucun de ses dialogues ne porte la trace de ce repentir, et qu’en tous, la Terre est le centre des diverses révolutions célestes. Ceux qui, comme Eudoxe, ont recueilli les préceptes que Platon traçait aux astronomes et se sont efforcés de Les mettre en pratique, ont cherché à sauver les apparences offertes par le cours des planètes au moyen de mouvements qui, tout d’abord, fussent circulaires et uniformes, mais qui, en outre, eussent tous pour contre le centre de la Terre.
Non seulement, en tous ses Dialogues, Platon mettait la Terre au centre des circulations célestes, mais encore, nous l’avons vu, il supposait la Terre immobile ; au nombre des rotations réelles qui devaient, se composer entre elles pour reproduire le cours des planètes, il n’y avait donc pas à compter la rotation terrestre.
Platon ne s’est pas contenté, semble-t-il, de restreindre par ces deux conditions la liberté laissée aux mathématiciens dans le choix des hypothèses destinées à sauver les apparences ; il a, peut-être, par une autre condition, complété l’énoncé de ce problème.