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CHAPITRE III
LES SPHÈRES HOMOCENTRIQUES

I
LE PROBLÈME ASTRONOMIQUE AU TEMPS DE PLATON


C’est un devoir d’étudier l’Astronomie des réalités, l’Astronomie géométrique ; seule, elle peut dissiper les erreurs nées de F Astronomie d’observation, erreurs sacrilèges, puisqu’elles faussent le culte dû aux dieux ; seule, elle prépare nos âmes à la contemplation du Bien suprême en proposant à leurs méditations des vérités éternelles. Mais cette Astronomie géométrique, quelles règles doivent présider à su construction ?

Ces règles, Platon ne les formule en aucun de ses Dialogues ; mais il est aisé de les deviner en observant comment le Philosophe procède pour obtenir les propositions qu’il donne comme vérités astronomiques éternelles.

L’Astronomie d’observation manifeste à nos yeux la trajectoire de chaque astre sous la figure d’une spirale compliquée ; à cette spirale, il faut substituer une composition de mouvements simples qui, seuls, seront considérés comme réels. Ces mouvements simples sont des rotations uniformes autour d’axes convenablement choisies. Ces rotations uniformes, les unes dirigées de l’Orient à l’Occident autour de l’axe du Monde, les autres de l’Occident à l’Orient autour d’un axe normal au plan de l’écliptique, sont les objets que Platon propose sans cesse à la méditation de ses disciples, en la République, au Timée, dans les Lois, dans l’Épinomide.

La règle, d’ailleurs, que Platon suivait sans la formuler en ses