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l’objet de la théorie physique

la chaleur, et par ceux qui l’attribuent à un rayonnement de molécules calorifiques, et par ceux qui recourent, pour expliquer le même phénomène, aux vibrations d’un fluide répandu dans l’espace ; seulement il faut que les premiers montrent comment l’équation dont il s’agit résulte de leur manière de voir et que les seconds la déduisent des formules générales des mouvements vibratoires ; non pour rien ajouter à la certitude de cette équation, mais pour que leurs hypothèses respectives puissent subsister. Le physicien qui n’a point pris de parti à cet égard admet cette équation comme la représentation exacte des faits, sans s’inquiéter de la manière dont elle peut résulter de l’une ou de l’autre des explications dont nous parlons. »

Fourier, d’ailleurs, partage au sujet de la théorie de la chaleur le sentiment d’Ampère ; voici, en effet, comment il s’exprime dans le Discours préliminaire qui inaugure son immortel ouvrage [1] :

« Les causes primordiales ne nous sont point connues, mais elles sont assujetties à des lois simples et constantes que l’on peut découvrir par l’observation, et dont l’étude est l’objet de la Philosophie naturelle. »

« La chaleur pénètre, comme la gravité, toutes les substances de l’univers ; ses rayons occupent toutes les parties de l’espace. Le but de notre ouvrage est d’exposer les lois mathématiques que suit cet élément. Cette théorie formera désormais une des branches les plus importantes de la Physique générale. »

« …Les principes de cette théorie sont déduits, comme ceux de la Mécanique, d’un très petit nombre

  1. Fourier : Théorie analytique de la chaleur. Édition Darboux, p. xv et p. xxi.