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LES THÉORIES REPRÉSENTATIVES ET L’HISTOIRE

dant j’avoue que ses essais, et ses vues, quoyque fausses, ont servi à m’ouvrir le chemin à ce que j’ay trouvé sur le mesme sujet. »

« Je ne le donne pas comme estant exempt de tout doute, ni à quoy on ne puisse faire des objections. Il est trop difficile d’aller jusque-là dans des recherches de cette nature. Je crois pourtant que si l’hypothèse principale, sur laquelle je me fonde, n’est pas la véritable, il y a peu d’espérance qu’on la puisse rencontrer, en demeurant dans les limites de la vraye et saine Philosophie. »

Entre le moment où Huygens communiquait à l’Académie des Sciences de Paris son Discours de la Cause de la Pesanteur, et le moment où il le fit imprimer, parut l’immortel ouvrage de Newton : Philosophiæ naturalis principia mathematica ; cet ouvrage, qui transformait la Mécanique céleste, inaugurait, au sujet de la nature des théories physiques, des opinions tout opposées à celles de Descartes et de Huygens.

Ce que pense Newton de la construction des théories physiques, il l’exprime avec netteté en plusieurs passages de ses œuvres.

L’étude attentive des phénomènes et de leurs lois permet au physicien de découvrir, par la méthode inductive qui lui est propre, quelques principes très généraux d’où toutes les lois expérimentales se puissent déduire ; ainsi les lois de tous les phénomènes célestes se trouvent condensées dans le principe de la gravité universelle.

Une telle représentation condensée n’est pas une explication ; l’attraction mutuelle que la Mécanique céleste imagine entre deux parties quelconques de la