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le choix des hypothèses

je crois, ne pourra jamais s’établir autrement. Ceux qui connaissent la théorie des oscillations du pendule et du mouvement circulaire comprendront aisément sur quel fondement repose le principe général que j’énonce, et ils sauront trouver dans la nature le moyen d’en établir le véritable caractère physique. »

L’instrument indispensable à l’accomplissement d’une telle œuvre, c’est la connaissance des lois générales qui relient un mouvement curviligne aux forces qui le produisent ; or, au moment où paraît l’essai de Hooke, ces lois viennent d’être formulées, et c’est, en effet, l’étude des oscillations du pendule qui les a fait découvrir. En 1673, Huygens publie[1] son traité de l’horloge à pendule ; les théorèmes qui terminent ce traité donnent le moyen de résoudre, au moins pour les trajectoires circulaires, les problèmes qui n’avaient pu être abordés par Borelli et par Hooke.

Les recherches sur l’explication mécanique du mouvement des corps célestes reçoivent de la publication d’Huygens une nouvelle et féconde impulsion. En 1689, Leibniz[2] reprend une théorie analogue à celle de Borelli ; chaque astre est soumis à une force attractive, dirigée vers le soleil, à une force centrifuge dirigée en sens opposé et dont la grandeur devra être tirée des théorèmes d’Huygens, enfin à une impulsion du fluide éthéré qui le baigne, impulsion que Leibniz suppose normale au rayon vecteur et en raison inverse de la longueur de ce rayon ; cette impulsion joue exactement le rôle de la virtus motrix invoquée par Kepler

  1. Christiani Hugenii De horologio oscillatorio ; Parisiis, 1673.
  2. Leibnith Tentamen de motuum cœlestium causis (Acta Eruditorum Lipsiæ, anno 1689).