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le choix des hypothèses

« À toute la matière fluide qui remplit l’espace compris entre les astres et à chacune de ses parties, affirmait Roberval, une certaine propriété ou un certain accident est inhérent ; par la force de cette propriété, cette matière se trouve réunie en un seul et même corps continu, dont toutes les parties, par un effort incessant, se portent les unes vers les autres, et s’attirent réciproquement, au point d’être étroitement cohérentes et de ne pouvoir être séparées que par une force plus grande. Cela posé, si cette matière était seule, si elle n’était pas jointe au Soleil ou à d’autres corps, elle se concentrerait en un globe parfait, elle prendrait exactement la figure d’une sphère, et ne pourrait jamais demeurer en équilibre qu’elle n’eût pris cette figure. En cette figure, le centre d’action coïnciderait avec le centre de forme ; vers ce centre tendraient toutes les parties de la matière, par leur propre effort ou appétit et par l’attraction réciproque du tout ; ce ne serait point, comme le pensent les ignorants, par la vertu du centre même, mais par la vertu de tout le


    tème de Jupiter et les satellites de cet astre. L’application que Roberval fait du principe d’Archimède à l’équilibre d’un système planétaire au sein du fluide interplanétaire serait alors tout à fait erronée ; mais semblable erreur est fréquente dans les travaux des géomètres du xvie siècle et se trouve même dans les premiers écrits de Galilée. — Descartes(*), en tous cas, dans la critique qu’il a donnée du système de Roberval, l’a compris comme supposant la gravité universelle : « Denique aliam inesse præterea similem proprietatem in omnibus et singulis terræ, aquæ, aerisque partibus, vi cujus ad se invicem ferantur, et se reciproce attrahant ; adeo ut hæ (similique etiam modo aliæ onmes quæ aliquos planetas componunt vel circumdant) singulæ duas ejusmodi habeant vires, unam quæ ipsas cum aliis partibus sui planetæ, aliam quæ easdem cum reliquis partibus Universi conjungat. »

    (*) Descartes : Correspondance, édition P. Tannery et Ch. Adam, t. IV, p. 399 lettre de Descartes à Mersenne datée du 20 avril 1646.