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la structure de la théorie physique

plique adhésion à tout un ensemble de théories. En second lieu, aucune loi expérimentale n’est exacte ; elle est seulement approchée ; elle est donc susceptible d’une infinité de traductions symboliques distinctes ; et parmi toutes ces traductions, le physicien doit choisir celle qui fournira à la théorie une hypothèse féconde, sans que l’expérience guide aucunement son choix. Cette critique de la méthode newtonienne nous ramène aux conclusions auxquelles nous avait déjà conduits la critique de la contradiction expérimentale et de l’experimentum crucis. Ces conclusions méritent que nous les formulions avec netteté. Les voici :

Chercher à séparer chacune des hypothèses de la Physique théorique des autres suppositions sur lesquelles repose cette science, afin de la soumettre isolément au contrôle de l’observation, c’est poursuivre une chimère ; car la réalisation et l’interprétation de n’importe quelle expérience de Physique impliquent adhésion à tout un ensemble de propositions théoriques.

Le seul contrôle expérimental de la théorie physique qui ne soit pas illogique consiste à compulser le système entier de la théorie physique à tout l’ensemble des lois expérimentales et à apprécier si celui-ci est représenté par celui-là d’une manière satisfaisante.



§ VI. — Conséquences relatives à l’enseignement de la Physique.

Contrairement à ce que nous nous sommes efforcés d’établir, on admet, en général, que chaque hypothèse de Physique peut être séparée de l’ensemble et sou-