Page:Duhem - La Théorie physique, 1906.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

construction d’aucune théorie, connaître les règles générales qui président aux divers mouvements. Donc, de ses principes métaphysiques, il va tenter, tout d’abord, de déduire une Dynamique.

La perfection de Dieu exige qu’il soit immuable dans ses desseins ; de cette immutabilité découle cette conséquence : Dieu maintient invariable dans le monde la quantité de mouvement qu’il lui a donnée au commencement.

Mais cette constance de la quantité de mouvement dans le monde n’est pas encore un principe assez précis, assez défini, pour qu’il nous soit possible d’écrire aucune équation de Dynamique ; il nous faut l’énoncer sous forme quantitative, et cela, en traduisant par une expression algébrique entièrement déterminée la notion, jusqu’ici trop vague, de quantité de mouvement.

Quel sera donc le sens mathématique attaché par le physicien aux mots quantité de mouvement ?

Selon Descartes, la quantité de mouvement de chaque particule matérielle sera le produit de sa masse — ou de son volume qui, en Physique cartésienne, est identique à sa masse — par la vitesse dont elle est animée ; la quantité de mouvement de la matière tout entière sera la somme des quantités de mouvement de ses diverses parties. Cette somme devra, en tout changement physique, garder une valeur invariable.

Assurément, la combinaison de grandeurs algébriques par laquelle Descartes se propose de traduire la notion de quantité de mouvement satisfait aux exigences que nos connaissances instinctives imposaient d’avance à une telle traduction. Nulle pour un ensem-