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la structure de la théorie physique

fluide électrique ; que ce corps présentait une électrisation d’autant plus intense qu’il contenait une masse plus considérable de fluide électrique ; la grandeur de cette masse donnait alors la quantité d’électricité.

La considération de cette quantité jouait dans la théorie un rôle essentiel, qui découlait de ces deux lois :

La somme algébrique des quantités d’électricité répandue sur un ensemble de corps, somme où les quantités d’électricité vitrée sont affectées du signe et les quantités d’électricité résineuse du signe , ne change pas tant que cet ensemble ne communique avec aucun autre corps.

À une distance déterminée, deux petits corps électrisés se repoussent avec une force proportionnelle au produit des quantités d’électricité dont ils sont porteurs.

Eh bien ! ces deux énoncés, nous pouvons les sauvegarder intégralement sans faire appel à des fluides électriques hypothétiques et bien peu vraisemblables, sans dépouiller l’électrisation du caractère qualitatif que lui confèrent nos observations immédiates ; il nous suffit de choisir convenablement l’échelle à laquelle nous rapportons les intensités de la qualité électrique.

Prenons un petit corps électrisé vitreusement d’une manière toujours identique à elle-même ; à une distance choisie une fois pour toutes, faisons agir sur lui chacun des petits corps dont nous voulons étudier l’électrisation ; chacun d’eux exercera sur le premier une force dont nous pourrons mesurer la grandeur, et que nous affecterons du signe lorsqu’elle sera répulsive, du signe dans le cas contraire ; alors, chaque petit