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L’opposition que les penseurs hellènes, les Posidonius, les Ptolémée, les Proclus, les Simplicius avaient établie entre la Physique et l'Astronomie, Nicolas de Cues la déplace ; il la met entre la Physique absolue des essences réelles et des causes véritables et la Physique relative et perfectible des essences abstraites et des causes fictives.

Lorsqu’au Collège de Montaigu, en 1511, l’espagnol Luiz Coronel écrivait sur la Physique[1], subissait-il l’influence de Nicolas de Cues ? Cela est fort possible. Les œuvres du Cardinal allemand étaient alors bien connues ; elles avaient déjà été imprimées deux fois et, à Paris même, Lefèvre d’Étaples en allait donner, en 1514, une troisième édition. Quoi qu’il en soit, certains propos tenus, en ses Physicæ perscrutationes. Si par le régent du Collège de Montaigu s’accordent fort bien avec les principes de la Docta ignorantia.

Pour Luiz Coronel, la Physique n’est pas une science déductive dont les propositions découlent de principes évidents a priori ; c’est une science dont l’origine se trouve dans l’expérience, et les principes de la Cosmologie ne sont pas autre chose que des hypothèses conçues en vue de sauver les phénomènes que l’expérience a fait connaître.

Lorsqu’il se propose, par exemple, d’établir[2] qu’en toute substance il y a non seulement une forme, mais aussi une matière, Coronel prend pour point de départ ce fait d’expérience : On ne peut engendrer du feu qu’en détruisant du combustible ; la notion de matière s’impose à lui parce que ce phénomène ne se prêterait pas à une représentation rationnelle si le feu était forme pure. Généralisant alors la méthode qu’il vient de pratiquer, il ose poser cet axiome : « En Physique, ce sont les raisons tirées de l’expérience qui tiennent le rang de primat : Rationes ex experientia sumptœ in Physica obtinent primatum. » Ce titre, voici par quelles cçnsidérations Luiz Coronel le développe :

  1. Physice perscrustationes Magistri Ludovici Coronel Hispani Segoviensis. Prostant in edibus Joannis Barbier librarii jurati Parrhisiensis. Academie sub signo ensis in via regia ad divum Jacobum. MDXI.
  2. Luiz Coronel, Op. cit., fol. II, col. a.