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Un an après la publication des Homocentriques de Fracastor, Gianbatista Amico faisait imprimer son opuscule sur le même sujet : « Parmi les anciens, disait-il[1], il en est qui se sont efforcés d’unir l’Astrologie à la Philosophie naturelle ; d’autres, au contraire, ont tenté de séparer ces deux sciences. Eudoxe, en effet, Calippe et Aristote ont cherché à ramener’tous les mouvements variés et non uniformes que nous présentent les corps célestes, à des assemblages d orbes homocentriques que la Nature reconnaît ; Ptolémée, au contraire, et ceux qui ont suivi sa méthode ont voulu, malgré la Nature, les réduire à des excentriques et à des épicycles. »

« Les astronomes[2] attribuent tous les phénomènes que nous percevons en observant les corps supérieurs à des excentriques et à ces sphérules que l’on nomme épicycles. Mais ils ont fort mal réduit tous ces effets à ces causes-là. D’ailleurs, il n’y a pas à s’étonner qu’ils aient erré en cette réduction Comme le dit Aristote au premier livre des Seconds analytiques, toute solution est difficile lorsque ceux qui prétendent la donner usent de faux principes. Si donc la Nature ne connaît ni excentriques, ni épicycles, selon le sentiment qu’Averroès exprime très justement ; il nous faudra rejeter ces orbes ; et nous le ferons d’autant plus volontiers que les astronomes attribuent aux épicycles et aux excentriques certains mouvements qu’ils nomment inclinaisons, réflexions, déviations, et qui ne sauraient d’aucune façon, du moins à mon avis, convenir à la cinquième essence. »

Il s’est trouvé de tout temps des gens qui se sont crus capables de pénétrer la nature même des corps et de découvrir, touchant cette nature, certaines vérités dont la Physique pût être déduite comme de ses véritables principes. lia presque toujours été impossible de contraindre ces physiciens-philosophes de pousser leur déduction jusqu’au bout, de développer leur théorie jusqu’à ce point où

  1. Jonnis Baptistae Amici Cosentini, De molibus corporum cœîetiium juxta principia peripatetica sine eccentricis cf epicyclis. Venetiis » MDXXXVl. Caput primum.
  2. Amico, Op. cit., Cap. VII.