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voies, en effet, s’offrent pour en rendre raison ; l’une procède à l’aide de ces orbes que l’on nomme homocentriques, l’autre au moyen de ceux que l’on appelle excentriques ; chacune de ces deux voies a ses dangers, chacune a son écueil. Ceux qui usent des homocentriques ne parviennent pas à expliquer les phénomènes. Ceux qui usent des excentriques semblent, il est vrai, les mieux expliquer ; mais l’opinion qu’ils conçoivent de ces corps divins est injuste et, pour ainsi dire, impie ; ils leur attribuent des situations et des figures qui ne sauraient convenir aux cieux. Nous savons que, parmi les anciens, Eudoxe et Calippe, qui ont tenté de rendre compte des phénomènes à l’aide des homocentriques, ont été déçus à plusieurs reprises par suite de ces difficultés. Hipparque fut un des premiers qui aimèrent mieux admettre les orbes excentriques que d’être mis en défaut par les phénomènes. Ptolémée l’a suivi et, bientôt, presque tous les astronomes ont été entraînés par Ptolémée. Mais contre ces astronomes ou, du moins, contre l’hypothèse des excentriques dont ils usaient, la Philosophie tout entière a élevé de continuelles réclamations ; que dis-je, la Philosophie ? C’est bien plutôt la Nature et les orbes célestes eux-mêmes qui ont réclamé sans cesse. On n’a pu jusqu’ici rencontrer un philosophe qui permît d’affirmer l’existence de ces sphères monstrueuses parmi ces corps divins et parfaits. »

Fracastor ne se contentera pas d’éviter ces hypothèses absurdes ; il ne se contentera pas non plus de construire une théorie propre au calcul des mouvements célestes ; c’est aux causes mêmes de ces mouvements qu’il prétend atteindre[1] : « En nos Homocentriques, on ne rencontrera pas seulement cette utilité qui est la suite de toute théorie astronomique ; on y trouvera encore d’autres choses qui sont grandement désirables ; ces choses, en effet, semblent, en premier lieu, importer beaucoup à la vérité, c’est-à-dire à l’objet que nous devons le plus souhaiter ; elles importent à la découverte des causes propres des mouvements célestes, enfin aux qualités mêmes de ces mouvements. »

  1. Fracastori Homocentrica, Cap. I.