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et des épicycles par aucune démonstration, de quelque genre que ce soit… ; il est évident, en effet, qu’ils ne la prouvent pas à priori ; ils ne la prouvent pas non plus à posteriori, car les effets qui nous apparaissent pourraient provenir d’autres causes… Ptolémée commet une erreur de Physique en usant de corps fictifs comme de causes propres à rendre raison des phénomènes. »

Agostino Nifo a, lui aussi[1], tenté d’écrire une Astronomie dont les hypothèses de Ptolémée fussent bannies ; il traite de « fables de vieilles femmes » les combinaisons de ceux qui admettent ces hypothèses. Contre eux et contre leurs doctrines, il reprend, comme Achillini, les divers arguments d’Averroès. « Vous devez savoir qu’une bonne démonstration prouve que la cause nécessite l’effet et inversement. Or, les excentriques et les épicycles étant admis, il est bien vrai que les apparences en résultent et peuvent être sauvées de la sorte ; mais il n’est pas vrai qu’inversement, les apparences étant posées, les excentriques et les épicycles existent nécessairement ; cela n’est vrai que d’une manière provisoire, jusqu’à ce que l’on ait trouvé une cause meilleure, qui nécessite les phénomènes et qui soit nécessitée par eux. Ceux-là donc pèchent qui partent d’une proposition dont la vérité peut découler de plusieurs causes et qui concluent en faveur de l’une de ces causes. Les apparences, en effet, peuvent être sauvées par cette sorte d’hypothèses dont nous avons parlé, mais aussi par d’autres suppositions qui n’ont pas encore été inventées.

«… Il y a trois espèces de démonstrations : La démonstration par le signe où, d’un effet qui nous est connu, nous concluons à la cause de cet effet. La démonstration par la cause seulement où, de la cause que son effet nous a permis de découvrir, nous concluons à l’effet. Enfin la démonstration par la cause et l’essence, ou démonstration simple

  1. Aristoteus Stagiritæ De Cœlo et Mundo îibri quatuor, e Græco in Latinum ah Augustino Nipho philosopho Suessano conversi, et ah eodem etiam praeclara, neque non longe omnibus aliis in hac scienta resotu» tiore aucii expositione... S eneiiïStJkpud Hieronymum Scotum, MDXLIX. (En terminant cet ouvrage, Nifo le date du 15 octobre 1514). Liber secundus, fol. 82, coll. c. et d.