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tables des mouvements célestes », en résulte-t-il qu’elles aient une existence essentielle et réelle, in esse et secundum rem ? Peu importe à l’astronome. « Il lui suffit de savoir ceci : Si les épicycles et les excentriques existaient, les mouvements célestes et les autres phénomènes se produiraient exactement comme ils se produisent ; et cela, par le fait seul que l’on supposerait de tels excentriques et de tels épicycles, que d’ailleurs ces orbites existent réellement parmi les corps célestes ou qu’ils n’existent pas ; cela suffit à l’astronome en tant qu’astronome, car l’astronome n’a pas à se soucier du pourquoi (unde) ; pourvu qu’il ait le moyen de déterminer exactement les lieux et les mouvements des planètes, il ne demande pas si cela provient ou non de l’existence réelle de telles orbites dans le Ciel ; cette recherche regarde le physicien ; car une conséquence peut être exacte lors même que son antécédent serait impossible. »

Cela s’écrivait vers l’an 1330 à l’Université de Paris.

La fin du Moyen-Âge s’écoule sans que l’enseignement de cette Université nous apporte aucun nouveau document relatif à la valeur des hypothèses astronomiques ; au xive siècle, à Paris, la science des mouvements célestes traverse une de ces périodes de paisible possession où nul ne discute plus les principes sur lesquels reposent les théories, où tous les efforts tendent à en perfectionner les applications. Le système de Ptolémée était alors admis sans conteste.

Les écoles italiennes de la même époque ne nous ont guère fourni de témoignages intéressants ; l’étude de la science astronomique y est alors moins avancée qu’à Paris ; la faveur va surtout à l’Astrologie et l’on y discute peu de la nature et de la valeur des hypothèses que l’on emploie. Pierre de Padoue, dit aussi Pierre d’Abano, fait cependant exception.

Quelque temps après l’an 1303, il avait rédigé son célèbre Conciliator differentiarum philosophorum et medicorum dont la vogue fut extrême et qui valut à l’auteur d’être surnommé Petrus Conciliator. Il avait formé le projet de composer un écrit analogue, consacré à l’Astronomie et