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Les hypothèses astronomiques ne sont pas des jugements portant sur la nature des choses ; il n’est pas nécessaire qu’elles se déduisent des principes de la Physique ni qu’elles s’accordent avec ces principes ; il n’est pas nécessaire, non plus, qu’elles se laissent figurer au moyen d’assemblages de corps solides roulant les uns sur les autres ; pures fictions géométriques, elles n’ont d’autre objet que de sauver les apparences.

Parmi les écrits composés en langue arabe, aucun ne nous présente le moindre reflet de cette doctrine, si ce n’est le grand traité de Philosophie et de Théologie que composa au douzième siècle le Juif Moïse ben Maimoun, connu sous le nom de Maïmonide. En ce Guide des égarés[1], nous trouvons divers passages où le savant rabbin nous expose ses pensées touchant les systèmes astronomiques.

L’idée qui domine toutes les discussions astronomiques de Maïmonide, idée nouvelle au sein du Péripatétisme sémitique, et qui, en ce milieu, surprend par ses allures prudemment sceptiques, c’est l’idée que Ptolémée avait indiquée, que Proclus avait développée : La connaissance des choses célestes, de leur essence, de leur véritable nature, passe les forces de l’homme ; les choses sublunaires sont seules accessibles à notre faible raison.

« Je t’ai promis, dit Maïmonide[2], un chapitre dans lequel je te parlerais des doutes graves qu’on peut opposer à celui qui croit que l’homme a embrassé par la Science l’ordre des mouvements de la sphère céleste, et que ce sont là des choses physiques qui arrivent par une loi nécessaire dont l’ordre et l’enchaînement sont clairs. J’en aborde maintenant l’exposition. »

Maïmonide alors, par une discussion très semblable à celle qu’ont menée Averroès et Al-Bitrogi, montre tout ce

  1. Le guide des égarés, traité de Théologie et de Philosophie par Moïse ben Maimoun dit Maïmonide, publié pour la première fois dans l’original arabe et accompagné d’une traduction française et de notes critiques, littéraires et explicatives par S. Munk ; 3 vol. Paris, 1856-1857.
  2. Maïmonide, Op. cit., deuxième partie, ch. XXIII ; trad. Munk, t. II, p. 183.