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astronomique tel que les mouvements célestes en résultent et qu’il n’implique aucune impossibilité au point de vue de la Physique… Ptolémée n’a pu parvenir à faire reposer l’Astronomie sur ses véritables fondements… L’épicycle et l’excentrique sont impossibles. Il est donc nécessaire de se livrer à de nouvelles recherches au sujet de cette Astronomie véritable, dont les fondements sont des principes de Physique… En réalité, l’Astronomie de notre temps n’existe pas ; elle convient au calcul, mais ne s’accorde pas avec ce qui est. »

Averroès n’eut pas le loisir d’entreprendre la tâche qu’il jugeait nécessaire, de construire un système astronomique qui ne fût pas seulement capable de sauver les apparences mais qui reposât sur des hypothèses conformes à la nature des choses, sur des principes tirés de la Physique et de la Métaphysique d’Aristote. « Dans ma jeunesse, dit-il[1], j’espérais que cette recherche serait accomplie par moi-même ; parvenu déjà à la vieillesse, je ne l’espère plus ; mais peut-être que ces paroles inciteront quelqu’un à reprendre cette étude. » Ce vœu d’Averroès fut accompli par son contemporain et condisciple Al-Bitrogi.

Élève d’Ibn Tofaïl comme Averroès, comme lui, adversaire déterminé du système de Ptolémée, qu’il paraît surtout connaître sous la forme que lui a imposée Thâbit ibn Kourrah, Al-Bitrogi (Alpetragius) entreprend de substituer un système nouveau aux doctrines de l’Almageste. Comme Averroès, il prétend que les principes sur lesquels repose cette théorie des planètes soient prouvés par des raisons tirées de la Physique, et il n’hésite pas à intituler son traité : Planetarum theorica, physicis rationibus probala[2].

À la vérité la Métaphysique dont se réclament les principes posés par Al-Bitrogi à la base de son Astronomie n’a,

  1. Averroès, loc. cit.
  2. Alpetragii Arabi Planetarum theorica, physicis rationibus probata nuperrime latinis litteris mandata a Calo Calonymos Hebreo Neapolitano, ubi nititur salvare apparentias absque eccentricis et epicyclis. Colophon : Venetiis, in aedibus Luce antonii Junte Florentini, anno Domini MDXXXI mense Januario.