Aussi le commentaire au De Caelo, composé par Averroès, ne se contente-t-il pas d’exposer le système des sphères homocentriques et de l’appuyer de toutes les raisons que peut fournir la Physique du Stagirite ; il contient également[1] une critique très ferme et très profonde du système que développait l’Almageste ; Ibn Roschd reprend, d’ailleurs, cette critique lorsqu’il commente[2] le XIIe livre de la Métaphysique.
Nous ne pouvons suivre ici cette longue argumentation d’Averroès contre les hypothèses de Ptolémée ; nous devons nous borner à en extraire les passages où le Commentateur expose ce qu’il pense des théories astronomiques en général.
En voici un[3] qui est bien remarquable : « On ne trouve rien, dans les sciences mathématiques, qui conduise à penser qu’il existe des excentriques et des épicycles.
« Les astronomes, en effet, posent l’existence de ces orbites à titre de principes, et ils en déduisent des conséquences, qui sont précisément ce que les sens peuvent constater ; ils ne démontrent nullement que les suppositions qui leur ont servi de principes soient, en retour, nécessitées par ces conséquences.
« Or, nous savons par la Logique que toute démonstration va du mieux connu au plus caché. Si ce qui est le mieux connu est postérieur à ce qui est le moins connu, on a une démonstration en quia. Si, au contraire, ce qui est connu précède ce qui est moins connu, deux cas peuvent se présenter : il se peut que l’existence de l’objet de la démonstration soit cachée et que la cause en soit connue ; on a alors une démonstration absolue, qui fait connaître à la fois l’existence et la cause de son objet. Si, au contraire, c’est la cause de l’objet qui est inconnue, on aura seulement une démonstration en propter quid.