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sance humaine de ceux qui sont essentiellement inconnaissables à l'homme ; mais la ligne de démarcation n^a pas le même trajet pour Proclus et pour Suart Mill.

Proclus abandonne à la raison humaine l'étude des éléments et des mixtes qui forment le monde sublunaire ; de ceux-là nous pouvons connaître la nature ; nous pouvons construire une Physique des corps soumis à la génération et à la corruption. Des substances célestes, au contraire, nous pouvons connaître les phénomènes, non la nature ; le Λόγος divin peut seul comprendre cette nature.

Du jour où la même nature a été attribuée aux corps célestes et aux corps sublunaires, une telle doctrine a dû être modifiée. En étendant à tous les corps ce que Proclus réservait aux astres, en déclarant que les phénomènes produits en toute matière sont seuls accessibles à la connaissance humaine, tandis que la nature même de cette matière échappe aux prises de notre entendement, le Positivisme moderne s’est constitué.

Simplicius, esprit éclectique, et qui ne’penche point vers les solutions extrêmes, s’en est tenu à une sorte de terme moyen entre l’opinion d’Aristote et l’opinion de Proclus.

Avec Aristote, le commentateur athénien admet que le mouvement circulaire et uniforme est le mouvement essentiel des corps célestes ; il refuse seulement d’accorder au Stagirite que chaque partie de la cinquième essence tourne nécessairement autour du centre du Monde. Les mouvements irréguliers des astres errants ne sont pas, comme le prétendait Proclus, les seuls mouvements réels de ces astres. Ce sont, au contraire, des apparences compliquées, produites par la composition de plusieurs mouvements circulaires et uniformes.

Ces principes, formulés par la Physique, posent donc à l’Astronomie ce problème : Décomposer le mouvement de chaque astre errant en mouvements circulaires et uniformes. Mais, après qu’elle lui a assigné cette tâche, l’étude de l’essence céleste ne fournit pas à l’astronome le moyen de l’accomplir ; elle ne lui enseigne pas quels sont les véritables mouvements circulaires et uniformes qui, seuls, constituent