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tacher à l’hypothèse de l'excentrique, parce qu’elle est plus simple, et qu’elle ne suppose qu’un seul et non deux mouvements. »

La doctrine exposée par Ptolémée en ce passage semble avoir été pleinement adoptée par Proclus, qui s’en occupe en diverses parties de ses écrits.

Il l’examine, en particulier, à la fin du livre où, sous le titre d’Hypotyposes[1], il présente le tableau des hypothèses astronomiques de Ptolémée.

Tout l’effort de Proclus va à établir que les mouvements hypothétiques en des excentriques et des épicycles qui, par leur composition, reproduisent le mouvement des astres errants sont de pures abstractions. Ces mouvements ne subsistent qu’en l’esprit de l’astronome ; ils ne sont rien dans les cieux. Seul, le mouvement complexe et indécomposé de chaque astre est doué de réalité.

Cette affirmation heurte directement la doctrine selon laquelle les corps célestes, par essence, ne peuvent éprouver que des mouvements circulaires et uniformes. Proclus le sait et le proclame : « Les astronomes qui ont présupposé l’uniformité des mouvements des corps célestes ignoraient que l’essence de ces mouvements est, au contraire, irrégularité. »

En vertu du principe que leur Physique a posé, ces astronomes regardent le mouvement compliqué et irrégulier d’une planète, celui qui apparaît à l’observation, comme le résultat de plusieurs mouvements simples, accomplis suivant un excentrique et un épicycle ; ceux-ci sont, pour eux, les seuls mouvements réels ; celui-là n’est qu’une apparence.

Mais au sujet de ces excentriques et de ces épicycles, deux opinions sont en présence : « Ou bien ces cercles sont simplement fictifs et idéaux ; ou bien ils ont une existence

  1. Hypothèses et époque des planètes de C. Ptolémée et Hypotyposes de Proclus Diadochus, traduites pour la première fois du Grec en Français par M. l’Abbé Halma ; Paris, 1820. Hypotyposes de Proclus Diadochus, philosophe platonicien, ou représentations des hypothèses astronomiques, pp. 150-151.