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thèse vraie parmi plusieurs suppositions également propres à sauver les phénomènes. Voilà ce que le stoïcien Posidinius affirmait dans ses Μετεωρολογιχα. Geminus, dans un commentaire abrégé des Météores de Posidonius, reproduisait cette doctrine ; et, afin d’éclairer la comparaison entre le mathématicien et le physicien qu’Aristote avait donnée, au second chapitre du IIe livre des Physiques, Simplicius reproduisait le passage écrit par Géminus.

Voici ce passage[1] :

« Il appartient à la Théorie physique d’examiner ce qui concerne l’essence du Ciel et des astres, leur puissance, leur qualité, leur génération et leur destruction ; et, par Jupiter, elle a aussi pouvoir de donner des démonstrations touchant la grandeur, la figure et l’ordre de ces corps. L’Astronomie, au contraire, n’a aucune aptitude à parler de ces premières choses ; mais ses démonstrations ont pour objet l’ordre des corps célestes, après qu’elle a déclaré que le Ciel est vraiment ordonné ; elle discourt des figures, des grandeurs et des distances de la Terre, du Soleil et de la Lune ; elle parle des éclipses, des conjonctions des astres, des propriétés qualitatives et quantitatives de leurs mouvements. Puis donc qu’elle dépend de la théorie qui considère les figures au point de vue de la qualité, de la grandeur et de la quantité, il est juste qu’elle requière le secours de l’Arithmétique et de la Géométrie ; et au sujet de ces choses, qui sont les seules dont elle soit autorisée à parler, il est nécessaire qu’elle s’accorde avec l’Arithmétique et la Géométrie. Bien souvent, d’ailleurs, l’astronome et le physicien prennent le même chapitre de la Science pour objet de leurs démonstrations ; ils se proposent, par exemple, de prouver que le Soleil est grand, ou que la Terre est sphérique ; mais, dans ce cas, ils ne procèdent pas par la même voie ; le physicien doit démontrer chacune de ses propositions en les tirant de l’essence des corps, de leur puissance, de ce qui convient le mieux à leur perfection, de leur géné-

  1. Simplicii In Aristotelis physicorum libros quatuor priores commeniaria, edidit Hermannus Diels, Berolini, 1882 ; pp. 291-292 (comm. in lib. II, cap. II).