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séparait l’une de l’autre ? Quelle affinité unissait les hypothèses de l’une aux conclusions de l’autre ? Ce sont questions que les astronomes et les physiciens discutent durant l’Antiquité et le Moyen-Age, qu’ils résolvent en des sens différents, car leurs esprits sont dirigés par des tendances diverses, toutes semblables d’ailleurs à celles qui sollicitent les savants modernes.

Il s’en faut bien que la Physique des choses sublunaires soit parvenue d’aussi bonne heure à ce degré de différenciation et d’organisation. Elle aussi, aux époques modernes, se divisera en deux parties, analogues à celles en lesquelles, dès l’Antiquité, s’est partagée la Physique céleste. En sa partie théorique, elle groupera des systèmes mathématiques qui feront connaître, par leurs formules, les lois précises des phénomènes. En sa partie cosmologique, elle cherchera à deviner la nature des corps, de leurs attributs, des forces qu’ils subissent ou exercent, des combinaisons qu’ils peuvent contracter les uns avec les autres.

Pendant l’Antiquité, pendant le Moyen-Age et la Renaissance, il eût été malaisé de faire ce partage. La Physique sublunaire ne connaissait guère les théories mathématiques. Deux chapitres de cette physique, l’Optique ou Perspective, et la Statique ou Scientia de ponderibus, avaient seuls revêtu cette forme, et les physiciens se trouvaient fort embarrassés lorsqu’ils voulaient, dans la hiérarchie des sciences, assigner leur véritable place à la Perspective et à la Scientia de ponderibus. Hors ces deux chapitres, l’analyse des lois qui président aux phénomènes demeurait peu précise, purement qualitative ; elle ne s’était pas encore dégagée de la Cosmologie.

En la Dynamique, par exemple, les lois de la chute libre des graves, entrevues dès le xive siècle, les lois du mouvement des projectiles, vaguement soupçonnées au xvie siècle, demeuraient impliquées dans les discussions métaphysiques sur le mouvement local, sur le mouvement naturel et le mouvement violent, sur la coexistence du moteur et du mobile. Au temps de Galilée seulement, nous voyons la partie théorique, en même temps que sa forme mathémati-