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les préceptes de la Logique, ni les conseils de l'intérêt en pussent atténuer l’invisible attrait. Quelle était cette vérité? C’est ce que nous voudrions essayer de préciser.

Au cours de l’Antiquité et du Moyen-Age, la Physique nous présente deux parties si distinctes l'une de l’autre qu’elles sont, pour ainsi dire, opposées l’une à l’autre ; d’un côté se trouve la Physique des choses célestes et impérissables, de l’autre la Physique des choses sublunaires, soumises à la génération et à la corruption.

Les êtres dont traite la première des deux Physiques sont réputés d’une nature infiniment plus élevée que ceux dont s’occupe la seconde ; on en conclut que la première est incomparablement plus difficile que la seconde ; Proclus enseigne que la Physique sublunaire est accessible à l’homme, tandis que la Physique céleste le passe et est réservée à l’Intelligence divine ; Maïmonide partage cette opinion de Proclus ; la Physique céleste est,selon lui, pleine de mystères dont Dieu s’est réservé la connaissance, tandis que la Physique terrestre se trouve, tout organisée, en l’œuvre d’Aristote.

Au contraire de ce que pensaient les hommes de l’Antiquité et du Moyen-Age, la Physique céleste qu’ils avaient construite était singulièrement plus avancée que leur Physique terrestre.

Dès l’époque de Platon et d’Aristote, la science des astres était organisée sur le plan que nous imposons aujourd’hui encore à l’étude de la Nature. D’une part, était l’Astronomie ; des géomètres, comme Eudoxe et Calippe, combinaient des théories mathématiques au moyen desquelles les mouvements célestes pouvaient être décrits et prévus, tandis que des observateurs appréciaient le degré de concordance entre les prévisions des calculs et les phénomènes naturels. D’autre part,était la Physique proprement dite ou, pour parler le langage moderne, la Cosmologie céleste ; des penseurs, comme Platon et Aristote, méditaient sur la nature des astres et sur la cause de leurs mouvements. Quels rapports ces deux parties de la Physique céleste avaient-elles l’une avec l’autre ? Quelle frontière précise les