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me mal. Mais ça tue, j’connais ça ! ça tue, et c’est des histoires que j’veux pas.


XXI


Il n’y a qu’un homme au monde qui sache tenir la jambe d’Hourticq, c’est Monet.

Hourticq, qui est du midi, crie désespérément : « Oh ! cette jammbe ! cette jammbe ! » Et son regard anxieux cherche quelqu’un qui n’est pas son médecin, mais Monet, son infirmier. Quel qu’il soit, le médecin fera toujours ces choses que les médecins font. Monet seul saura prendre le talon, puis le pied, à deux mains, lever la jambe doucement, et la tenir en l’air aussi longtemps que cela est nécessaire.

Il paraît qu’il y a des gens qui jugent cette histoire ridicule. Ce sont tous des jaloux qui envient la situation de Monet et voudraient bien montrer qu’ils savent aussi tenir convenablement la jambe d’Hourticq. Mais je ne suis pas là pour favoriser les ambitieux. Dès qu’on m’apporte Hourticq, j’appelle Monet. Si Monet est occupé, eh bien, j’attends. Il vient, il saisit la jambe, et Hourticq ne crie plus. C’est parfois long, très long ; Monet a de grosses