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flait, bien entendu. Mais il s’est finalement réveillé, il a poussé quelques cris puissants et m’a stigmatisé du nom de « bourreau ». — Bien !

Alors je lui ai montré les gros éclats de fonte retirés, respectivement, de son dos et de sa fesse. Monsieur Lévy a eu aussitôt les yeux pleins de larmes, il a prononcé quelques paroles émues à l’adresse de sa famille, puis il m’a pressé les mains avec force : « Merci, merci, cher docteur ! »

Depuis, Monsieur Lévy a souffert, c’est vrai. Il y a les mèches ! Et aussi ces abominables tubes de caoutchouc que l’on enfonce dans les plaies… Monsieur Lévy, à genoux, prosterné, la tête dans son polochon, a souffert chaque jour, et pendant plusieurs jours, sans stoïcisme, sans résignation. Je me suis entendu appeler « assassin », et encore, et plusieurs fois, « bourreau ». — Bien !

Néanmoins, parce que je voulais que M. Lévy guérisse, j’ai renouvelé les mèches et vérifié soigneusement les fameux tubes de caoutchouc.

Ainsi, chaque jour, j’ai eu finalement les mains pressées avec chaleur et je me suis entendu dire : « Merci, merci, cher docteur ! »

Enfin Monsieur Lévy a cessé de souffrir et il s’en