avait vilain aspect, la fièvre était vive et l’on a jugé qu’il fallait prendre une décision.
— Mon pauvre Nogue, lui ai-je dit, nous ne pourrons absolument rien faire de ce bras-là. Laissez-vous amputer, soyez raisonnable.
Si l’on avait attendu la réponse, Nogue serait mort. Sa figure a exprimé une vive contrariété ; mais il n’a dit ni oui, ni non.
— Ne craignez rien, Nogue. Je vous garantis le succès de l’opération.
Alors, il a demandé à faire son testament. Le testament fait, Nogue a été porté sur la table, et opéré, sans avoir formulé ni assentiment ni refus.
Dès le premier pansement, Nogue a regardé son épaule saignante et a dit :
— Vous n’auriez pas pu, des fois, conserver quand même un petit bout de bras ?
Heureusement tout s’est parfaitement arrangé.
Au bout de quelques jours le blessé a pu s’asseoir dans un fauteuil. Tout son être trahissait une véritable résurrection, mais sa langue restait circonspecte.
— Eh bien ! vous voyez, cela va très bien !
— Heu… ça pourrait aller mieux…