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grande privation que de ne lui pouvoir donner les funérailles qu’il eût sûrement eues dans son pays.

Monet approuvait de la tête et Renaud, la bouche à moitié ouverte, cherchait une formule.

Elle vint et fut celle-ci :

— Eh bien, monsieur Rachid, portez-le à l’église : c’est la maison de Dieu pour tout le monde.

Rachid s’inclina, avec une déférence parfaite, et il s’en retourna vers son mort.

Oh ! Il s’occupa très bien de toutes choses. Il avait fait son affaire de cet enterrement. Il fut la famille, le maître de cérémonie, presque le prêtre.

Le corps du goumier fut donc exposé dans la chapelle, recouvert du vieux drapeau déteint et d’une poignée de chrysanthèmes.

C’est là qu’on vint le prendre pour le porter en terre sainte, avec tous les camarades.

Monet et Renaud étaient parmi nous quand on le descendit dans la fosse. Avec beaucoup de dignité Rachid représentait tous ceux de là-bas. Il tenait à la main quelque chose qu’il planta dans la terre avant de s’en aller. C’était ce croissant de bois blanc, fiché au bout d’un bâton, et qu’on voit encore, au