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Mais cela ne vaut rien à Marie d’entendre crier autrui avant que son tour ne soit venu.

Il arrive sur la table avec toutes sortes de préventions. Ses nerfs sont ébranlés, particulièrement irritables.

Dès les premiers gestes, il prélude par des soupirs, et des « Malheureux ! Malheureux ! », ce qui est sa façon naïve et habituelle de s’apitoyer sur son infortune. Et puis, tout à coup, il crie, comme il n’avait plus crié depuis longtemps. Il crie avec une espèce d’ivresse, il ouvre la bouche largement, et crie de toute la force de sa poitrine, de toute la force aussi, semble-t-il, de son visage qui rougit et entre en sueur. Il crie injustement, au moindre frôlement, d’une façon incohérente et désordonnée.

Alors, cessant de l’exhorter au calme avec de douces et compatissantes paroles, je grossis tout à coup la voix et ordonne à l’enfant de se taire, sur un ton sévère, à coup sûr sans réplique…

L’émotion de Marie tombe tout à coup, comme un champignon de mousse dans lequel on a mis