À mots voilés, je parle à Carré de l’encombrante jambe empoisonnée. Il montre un rire sans dents, et tranche, pour sa part d’un seul coup :
— Si c’est donc qu’elle gêne, la malheureuse, il faudra bien la rogner.
Avec cet assentiment, on s’y décidera sans doute.
Cependant, Lerondeau glisse doucement vers le salut.
Couché sur le dos, maintenu dans les linges et la gouttière, emprisonné par les coussins, il a quand même l’air d’un navire que la marée va mettre à flot dès l’aurore.
Il engraisse et, fait surnaturel, semble cependant de plus en plus léger. Il apprend à ne plus gémir, non pas que son âme fragile se hausse, mais parce que la bête est mieux nourrie et plus robuste.
Il a d’ailleurs une conception sommaire de l’énergie. Dès que j’entends son premier cri, dans la salle moite où l’on fait son pansement, je le réconforte du regard, et dis :