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Peu après, son sergent est repassé et lui a dit :

— Nous retournons à la tranchée, on viendra vous prendre plus tard.

Carré a dit simplement :

— Mettez-moi mon sac sous la tête.

Le soir approchait ; il s’est gravement préparé à passer la nuit parmi les betteraves. Et il y a passé la nuit, seul avec une petite pluie froide, à réfléchir, sérieusement, jusqu’au matin.


*


C’est bien heureux que Carré ait gardé tant de courage pour l’hôpital, car il en a grand besoin. Les opérations successives, les pansements, tout cela tarit les sources les plus généreuses.

Carré est apporté sur la table, et je sens dans son regard une résolution presque joyeuse. Aujourd’hui, « il a toutes ses forces au grand complet ».

Mais j’ai justement peu de chose à faire, peu de souffrances à imposer. À peine a-t-il eu le temps de froncer les sourcils que, déjà, la minute est venue de refermer l’appareil.