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On dit comment vous supportez le tourment des champs de bataille, comment, dans la boue décourageante et le froid, vous attendez l’heure du cruel devoir, comment vous vous portez au devant du coup mortel, à travers l’inouï concert des périls.

Mais vous arrivez ici promis à d’autres souffrances encore ; et, celles-là, je sais de quel cœur vous savez les endurer.

Les portes du château se referment, pour vous, sur une vie nouvelle, faite, elle aussi, d’une menace continuelle et d’un combat de toutes les secondes. Je vous assiste dans ce combat, et je vois bien comment vous savez le mener.

Pas une ride de votre visage ne m’échappe ; pas une de vos angoisses, pas un frémissement de votre chair lacérée. Et j’inscris tout cela, comme j’inscris vos paroles simples, vos cris, vos soupirs d’espoir, comme j’inscris aussi l’expression de votre visage, à l’heure solennelle où l’on ne parle plus.

Aucun de vos propos ne m’est indifférent ; aucun de vos gestes qui ne mérite d’être rapporté. Il faut que tout cela contribue à l’histoire de la grande épreuve.