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Les deux camarades s’endorment donc, de cet affreux sommeil où chaque homme ressemble à son cadavre. Désormais la lutte est engagée. Nous avons refermé les mains sur ces deux corps ; on ne nous les arrachera pas aisément.


*


Passé le réveil nauséeux, passées les tranchantes souffrances du début, je découvre peu à peu mes nouveaux amis.

Cela demande beaucoup de temps et de patience. L’heure du pansement est propice. L’homme est nu, sur une table. On le voit tout entier, et tout entières aussi et béantes, ces grandes plaies, objets de tant d’inquiétude et d’espoir.

L’après-midi n’est pas moins favorable à la communion, mais c’est autre chose. Le calme est survenu et ces deux êtres ont cessé d’être uniquement une jambe douloureuse, et une bouche qui crie.

Carré a pris tout de suite de l’avance. Il a fait un véritable bond. Alors que Lerondeau semble encore emmaillotté dans une hébétude plaintive,