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pour donner des conseils au chirurgien, mais il lui fournit de précieux renseignements. Il dit :

— Là, vous êtes contre l’os, ça me fait mal. Mais là, vous pouvez gratter, je ne sens pas grand chose. Attention ! vous appuyez un peu fort. Na ! Na ! Vous pouvez y aller, je vois ce que c’est…

Et voilà comment nous travaillons ensemble.

— Qu’est-ce que vous faites ? Ah ! vous lavez ? Ça, j’aime ça ! Ça me fait du bien ! Bon sang ! Frottez encore un peu à cette place-là ! Si vous saviez ce que ça me démange. Ah ! pour passer le tube, faudra me prévenir que je m’accroche à la table…

Et le travail se fait à merveille. Auger guérira très vite et très bien. Avec lui, on n’hésite jamais à faire le nécessaire. J’ai voulu l’endormir pour gratter l’os de sa jambe. Auger m’a dit :

— J’ai idée que ça ne sera pas bien terrible. Si ça ne vous fait rien, ne m’endormez pas et faites votre affaire, je me charge du reste.

Bien sûr, il n’a pu éviter quelques grimaces. Alors le sergent lui a demandé :

— Veux-tu apprendre la chanson des cochons qui pètent ?