Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA GRÂCE


On dit que tous les hommes sont égaux devant la souffrance, mais je sais bien que ce n’est pas vrai.

Auger ! Auger ! humble vannier de la Charente, qui donc es-tu, toi qui ne semblés pas malheureux de souffrir ? Pourquoi es-tu touché de la grâce, et pourquoi Grégoire n’en est-il pas touché ? Pourquoi es-tu le prince d’un monde où Grégoire n’est qu’un paria ?

Bonnes Mesdames qui passez dans les salles où reposent les blessés de la grande guerre, et qui leur donnez des cigarettes et des bonbons, venez avec moi.

Nous traverserons la grande salle du premier étage, celle dont les fenêtres sont caressées par les rameaux des marronniers. Je ne vous montrerai pas Auger, vous saurez bien le reconnaître, vous saurez