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— Bien sûr ! Bien sûr ! concède Léglise en riant. Mais je ne voudrais pas me faire passer pour un héros.

— Mon ami, on ne te demandera pas ton avis pour te juger et t’honorer. Il suffira de regarder ton corps.


*


Et il a fallu nous séparer, parce que la guerre continue et qu’elle fait tous les jours de nouveaux blessés.

Léglise est parti presque guéri. Il est parti avec des camarades, et il n’était pas le moins gai de tous.

« J’étais le plus grand blessé du train », m’a-t-il écrit, non sans un léger orgueil.

Depuis, Léglise m’écrit souvent. Ses lettres respirent un contentement calme. Je les reçois et les lis au hasard de la campagne : sur les routes, dans les salles où d’autres blessés gémissent, dans les champs parcourus par les galops de la canonnade.

Toujours il se trouve auprès de moi quelque chose pour murmurer, dans un muet langage :