Il s’endort parfois en plein jour et sommeille quelques instants. Il est ramené à la taille d’un enfant. Comme aux enfants, je lui mets un morceau de gaze sur le visage à cause des mouches. Je lui ai apporté une petite bouteille d’eau de Cologne et un éventail, cela aide à supporter les dernières méchancetés de la fièvre.
Il recommence à fumer. Nous fumons ensemble sur la terrasse où je fais porter son lit. Je lui montre le jardin et lui dis : « Dans quelques jours, je te porterai dans le jardin. »
Il s’est inquiété de ses voisins, de leur nom, de leurs blessures. Il a, pour chacun, un mot de compassion qui vient du fond de la chair. Il me dit :
— J’ai appris que le petit Camus était mort. Pauvre Camus !
Des larmes remplissent ses yeux. J’en suis presque heureux. Il y avait trop longtemps qu’il n’avait pas pleuré. Il ajoute :
— Excusez-moi, j’avais vu quelquefois Camus. C’est un grand malheur !