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matin nous vit en face d’un labeur encore énorme, mais classé, divisé, à moitié résolu.

Un officier supérieur vint nous rendre visite. Il paraissait soucieux :

— L’endroit est repéré, me dit-il. Pourvu que vous ne vous trouviez pas forcés de travailler sur vous-mêmes ! Sûrement, vous serez bombardés à midi…

Nous ne pensions plus à cette prophétie quand elle se réalisa.

Vers midi, l’air fut déchiré de sifflements aigus, et une dizaine d’obus tombèrent dans l’enceinte de l’ambulance, perforant un des bâtiments, mais épargnant les hommes. Ce fut le début d’un bombardement irrégulier et à peu près continu, qui ne nous visait sans doute pas spécialement, tout en nous menaçant sans cesse.

Pas de caves. Rien que les minces murailles. Le travail se poursuivit.

Avec le troisième jour, une accalmie permit à notre organisation de se parfaire. L’ennemi accablait la ville et les lignes d’un bombardement opiniâtre. Notre artillerie répondant coup pour coup, par salves furieuses, une sorte de muraille grondante