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À VERDUN


FÉVRIER–AVRIL 1916


Nous remontions à marches forcées vers le Nord, à travers le pays de France semblable à un funèbre jardin planté de croix. Nous n’avions plus aucun doute sur la destination qui nous était réservée ; chaque jour, depuis notre débarquement à B***, les ordres nous enjoignaient de presser notre mouvement à la suite des unités combattantes du corps d’armée. Celui-ci se contractait, se ramassait en hâte, sa tête engagée déjà en pleine mêlée, sa queue serpentant encore sur les routes, à travers le champ de bataille de la Marne.

Une fin de février humide et glaciale, avec des rafales de grésil et un ciel furieux, hideux, vautré au ras du sol. Partout des tombes, uniformément décentes, ou plutôt réglementaires, avec l’écusson