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avant que les Américains n’aillent s’y tailler des monopoles. N’y aura-t-il chez nos gens que des manœuvres et des hommes de chantiers ?[1]

Pourquoi nos amateurs de villégiature n’iraient-il pas camper sur nos rivières et nos lacs poissonneux du Nord, faire des poitrines et de la poésie à leurs enfants dans les merveilleux sites que viennent accaparer les Américains eux-mêmes, au lieu d’aller se reposer et surtout poser aux dispendieuses plages à la mode ? Nos Nemrods pourraient encore s’exercer à tuer les loups que le Manitoba et l’Ontario pourchassent de notre côté et qui ruinent l’élevage dans les terrains si propices du haut Nominingue.

Nous avons dit ce que peuvent faire pour la colonisation les instituteurs, le clergé paroissial, les associations de bienfaisance et le gouvernement. Il y a de l’ouvrage pour tous, ouvrage des bras, ouvrage de tête : « nous ne sommes pas assez nombreux pour qu’on se repose, » ni surtout pour qu’on déserte et qu’on se chamaille. Dans toutes les branches de l’activité sociale et nationale, il faut du travail et des compétences. Notre peuple doit acquérir le nombre, l’espace et la qualité. Notre vieux fonds d’âme latine et française enrichi par l’éducation nous donnera la qualité, la colonisation nous fournira le nombre et l’espace.

L’élan est donné aux écoles primaires, l’instruction secondaire et supérieure sont en progrès. Des leçons d’art, d’histoire et de littérature toujours plus fréquentées, les conférences sérieuses plus goûtées, le mouvement des idées mieux suivi, le langage plus soigné, un meilleur ap-

  1. Certains industriels ont littéralement fondé leur paroisse. Entre autres, à Manseau, comté de Nicolet, la compagnie Savoie, après avoir exploité le bois de commerce de sa limite, a taillé les lots, attiré les colons, vendu quatre ou cinq cents terres, aidé aux premiers défrichements par un bon système de crédit, et elle ouvre actuellement sa deuxième paroisse. Espérons qu’elle se transportera ailleurs pour multiplier son action bienfaisante, et qu’elle aura des imitateurs.