Page:Dugré - Vers les terres neuves, 1917.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 64 —

pays ; c’est ainsi que l’Ouest se peuple, que l’enrôlement prospère et que les affaires marchent ; c’est ainsi que notre colonisation n’a jamais été qu’une banqueroute. Nous ne devons guère compter que sur nous-mêmes.

la part de chacun

« Si chacun attend d’un homme ou de tous le salut, demeurant lui-même les bras croisés, nous sommes perdus, écrit Ollé-Laprune. L’initiative privée, n’oublions pas que c’est le commencement et l’essentiel. Il y a trop d’hommes qui, en présence d’une difficulté ou d’un danger quelconque, appellent un sauveur, un dictateur. Non, il ne faut pas compter sur les sauveurs, il faut se sauver soi-même. » Que chacun sache ce qu’il peut faire et qu’il le fasse ; si l’on ne peut agir, on peut aider, pousser, parler : à force de crier on se fait entendre, on suscite des actes.

Dans notre province, des hommes de tout rang ont pris la hache pour se tailler des fiefs ou des fermes, depuis Messieurs de Boucherville, gouverneur des Trois-Rivières, de Chambly, de Verchères et autres officiers du régiment de Carignan jusqu’à l’apothicaire Hébert, le premier colon de Québec, au chirurgien Bourgeois, au tailleur Mélanson-Laverdure, au meunier Thibodeau, fondateurs d’Acadie, et à ce Robert Giffard qui devait réaliser le type du seigneur colonisateur en peuplant son domaine de Beauport de défricheurs recrutés par lui dans le Perche.

On peut coloniser par procuration, en soudoyant des bûcherons trop pauvres pour être colons eux-mêmes. Les terres ainsi ouvertes pourraient ensuite s’exploiter en métairies ou bien se vendre par paiements faciles à la façon des pianos et des immeubles.

Les industriels canadiens-français devraient établir sur les cours d’eau de l’Abitibi des scieries et des pulperies