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dettes et progressa, Québec devint pauvre, et resta arriéré.

Une fois la guerre finie, l’histoire pourrait bien se montrer encore « une éternelle recommenceuse »…

autres moyens

L’aide au colon peut venir de bien des sources et revêtir bien d’autres formes, quand on connait ses besoins d’outillage, d’argent, de débouchés, de législation plus favorable, de protection contre des fonctionnaires hargneux ou des marchands de bois, d’intercession influente auprès du gouvernement, etc. Comme tous les griefs se rattachent plus ou moins à la question pécuniaire, mentionnons quelques industries déjà proposées pour y subvenir. Dès 1884, le très pratique Mgr Labelle désireux de pousser à des conclusions substantielles une célébration enthousiaste de la St-Jean-Baptiste, disait : « Nous devrions nous imposer une taxe de la colonisation ; et il y a trente ans (donc en 1854) que l’on aurait dû organiser une souscription nationale perpétuelle (un Fonds patriotique de colonisation ! ) pour aider à mettre des Canadiens à la place des pruches et des épinettes. »[1]Et M. Charles Thibault faisait écho en proposant d’imiter « la Société St-Jean-Baptiste de Saint-Sauveur de Québec qui, chaque année, entretient à ses frais dix à douze colons au lac Saint-Jean ».

L’an dernier, à Notre-Dame-du-Chemin, près Québec, se formait un nouveau cercle de colonisation, en vue « d’aider le colon à franchir les heures les plus angoissantes de sa

  1. Les jeunes gens de l’A. C. J. C. qui percevaient les souscriptions pour l’Aide aux Blessés de l’Ontario, publiaient dans Le Semeur de mai 1915 un intéressant bout de lettre qu’accompagnait l’obole d’un « ancien » : « Il y a cinquante et quelques années, (en 1862), les jeunes d’alors parmi lesquels Honoré Mercier, Boucher de la Bruère, avaient entrepris une croisade analogue à la vôtre. Il s’agissait de colonisation : aider nos compatriotes à se tailler des domaines dans les cantons de l’Est. Notre projet ne réussit que partiellement parce que nous n’étions pas organisés en société et que nous étions plus ou moins lancés dans la politique »…