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ces œufs et cette viande que partout ailleurs on expédie dans un wagon frigorifique et avec le moins de retard possible ?… Ne voit-on pas que toute vente est impossible pour cette autre raison encore, que les risques et les frais de transport mangent tous les profits. Aussi tous ces cantons de producteurs sans consommateurs regorgent-ils de denrées dont ils ne savent que faire, et plusieurs colons abandonnent des fermes très prospères, fatigués qu’ils sont d’être pauvres dans leur opulence. Régulièrement les pétitions circulent dans les paroisses, toujours plus pressantes, quelquefois révoltées et menaçantes ; elles reçoivent toutes le même sort : des belles promesses et le panier. Une cinquante de milles de rails posés par les prisonniers de camps de concentration joindraient au Pacifique-Canadien, déjà rendu à Kipawa pour les touristes, cette fertile région où l’on voit « des champs de blé qui rappellent ceux des grandes plaines de l’Ouest, » et avec quatre-vingts milles de plus la jonction s’opère avec le Transcontinental ; « le courant de colonisation monterait dans l’Abitibi, écrit, dans son rapport de 1916, M. l’abbé I. Caron, et de l’Abitibi il descendrait vers le Témiscamingue. Nous aurions là en peu d’années de nombreuses paroisses riches et florissantes comme celles de la vallée du Saint-Laurent ».

De même, si on prolongeait jusqu’à son terme logique, l’Abitibi, entrevu et visé par Mgr Labelle, le tronçon Montréal-Mont-Laurier, à présent que le pire bout est ouvert, la traversée des Laurentides, on ouvrirait sur l’autre versant, dans la vallée de la Lièvre et jusqu’au Témiscamingue-Abitibi, de superbes régions qui formeraient bloc solide à la frontière ouest de Québec et qui seraient elles-mêmes aussi grandes et aussi peuplées que toute la province efflanquée d’aujourd’hui.

De même encore, à Chicoutimi, les intelligents promoteurs du chemin de fer Roberval-Saguenay, s’ils peuvent