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fortes, des millions pour l’agriculture, espérons donc que les crédits de colonisation dépasseront ce qu’ils ont jamais été, qu’ils ne s’égareront pas trop dans les vieux comtés, et qu’on n’hésitera pas à construire des embranchements de voies ferrées qui permettent aux colons l’accès facile des terres neuves, puis la vente plus avantageuse des produits de leurs champs.

des chemins de fer

Ce n’est pas tout pour le défricheur d’avoir réussi à bûcher, brûler, construire, labourer ou moissonner, il lui faut encore vendre : que lui servent des pleines granges de foin, de grain ou de légumes s’il n’en tire aucun profit, faute de communications, comme c’est un peu le cas du Témiscamingue et du lac Saint-Jean, qui réclament quelques milles de chemins de fer depuis trente ans ?

Au Témiscamingue, un assez mauvais service de bateaux répond au trafic pendant cinq mois de l’année ; l’hiver, il faut recourir au chemin de fer du Nord-Ontario, et pendant un mois d’automne et de printemps on endure un isolement complet de toute civilisation. Imagine-t-on les tracas des colons qui arrivent avec armes et bagages et qui doivent brouetter cela du wagon dans le bateau, du bateau sur les quais, puis sur une vingtaine de milles de chemins fort primitifs jusqu’à leur emplacement de bois debout ? Conçoit-on bien, quelques années après, ce colon courageux, établi dans le canton Latulippe, je suppose, voiturant ses produits : beurre, œufs, viande ou légumes, sur vingt-cinq milles de cahots avant d’atteindre le quai de Ville-Marie, chargeant ses effets sur le bateau, en admettant qu’il ne l’a pas manqué, laissant tout cela à la chaleur, à la merci des manœuvres qui déposeront sur un autre quai pour un futur train de marchandises, ce beurre,